En route vers Mozart

Génie et méthode de violon

L’année 1756 joue un rôle important dans la vie de Léopold Mozart :

Il finit sa Méthode fondamentale pour le violon – elle est publié à Augsbourg et devient l’ouvrage de référence majeur pour les futurs violonistes de toute l’Europe – et son fils Wolfgang Amadé, baptisé Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus, voit le jour en janvier. Dès lors, il lui consacre toute sa vie en tant que maître, imprésario, modèle, mentor et organisateur de voyages.

 

Enfant prodige

Wolfgang Amadé Mozart : un petit garçon qui, à l’âge de six ans, compose déjà ses premières œuvres.

Écoutez en cliquant sur ce lien :

 

Menuet en fa majeur K. 1
 

 

 

L’école publique – non merci !

Wolfgang et sa sœur ainée, également très douée, ne reçoivent pas d’autre éducation que celle de leur père, un excellent précepteur. Léopold est un homme cultivé et rationaliste. Il instruit ses enfants dans toutes les matières : musique, langues (latin, italien, français, anglais), sciences naturelles et notions principales de la philosophie.

 

 

Voyages en calèche à n’en plus finir

Wolfgang Amadé Mozart passe près d’un tiers de sa courte vie (35 ans) sur les routes ; c’est-à-dire à peu près dix ans dans les calèches.

 

 

Sur les genoux de l’impératrice

Cet enfant prodige est l’attraction des Cours royales et princières en Europe. - Le 13 octobre 1762, la famille Mozart est invitée à la Cour de Marie-Thérèse d’Autriche à Vienne et Wolfgang joue devant l’impératrice. Après s’être produit, il saute sur ses genoux et l’embrasse comme un petit enfant. Il dit à Marie-Antoinette, qui a à peu près son âge : « un jour je t’épouserai ! 

 

Menuet en fa majeur K. 5
 

 

 

Un long périple à l’Ouest

L’enfant âgé de sept ans entreprend avec son père, sa mère et sa sœur Nannerl un voyage de trois ans en Europe de l’Ouest : Allemagne, France, Angleterre, Belgique, Pays-Bas, une nouvelle fois France, et Suisse. Cette année, c’est exactement le 250e anniversaire de ce séjour de la famille Mozart dans notre pays. (cf.  www. mozartweg.ch – http://www.mozartweg.ch).

Voici la seule composition connue jusqu’à présent que Wolfgang Amadé Mozart a écrite en Suisse.

 

Menuet en fa majeur K. 5
 

 

La rencontre à Londres avec le fils cadet de Jean-Sébastien Bach, Jean-Chrétien Bach, est très importante pour le jeune Mozart. En avril 1764, Bach et le jeune Wolfgang, âgé de huit ans, font pour la première fois de la musique ensemble.

Léopold Mozart recommande à son fils les compositions de Jean-Chrétien Bach comme exemples à suivre. On constate l’influence stylistique du «Bach de Londres» dans de nombreuses œuvres de Mozart.

 

 

Un petit garçon tout à fait exceptionnel

Dès l’âge de sept ans, Mozart joue du piano et du violon de manière virtuose et Léopold Mozart fait publier les premières compositions de son fils.

 

Sonate en ut majeur pour piano et violon K. 6, 4ème mouvement Allegro molto
 

 

 

Un passe-temps favori : la composition d’opéras !

L’opéra, c’est la plus grands passion de Mozart. Il commence par un singspiel sacré à l’âge de onze ans : Die Schuldigkeit des Ersten Gebots (Le Devoir du Premier Commandement).

On est impressionné par cet air pour ténor avec accompagnement de trombone composé par le petit garçon :

 

Singspiel sacré: Le Devoir du Premier Commandement, K. 35, Air du Chriétien « Jener Donnerworte Kraft » (La force de ces paroles fulgurantes)
 

 

Mozart a écrit 18 opéras dont « Idoménée », « L’Enlèvement au sérail », trois opéras en collaboration avec Da Ponte « Les Noces de Figaro », « Don Giovanni » et « Così fan tutte ». « La Flûte enchantée » est son dernier opéra. Sa musique ne se limite pas aux airs virtuoses qui permettent de faire briller le talent les chanteurs, mais Mozart arrive à créer des opéras qui mettent en scène des être humains en chair et en os.

 

Così fan tutte, K. 588, Duo Dorabella-Fiordiligi tiré du 2ème acte : Prenderò…
 

 

 

En route vers l'Italie !

Lors de son premier voyage en Italie, Mozart a été nommé «Chevalier de l'Éperon d'or» par le pape. Plus tard, Mozart parle ironiquement de ce titre en le transformant en «Chevalier de la queue de cochon».

 

 

Un coup magistral : cinq concertos pour violon et un remarquable concerto pour piano

À Salzbourg, Mozart écrit cinq concertos pour violon (K. 207, 211, 216, 218 et 219).

 

Concerto pour violon No.5 en la majeur K. 219, 3ème mouvement, Rondeau: Tempo di minuetto
 

 

Son dernier concerto pour piano écrit également à Salzbourg – le « Jenamy » (autrefois nommé « Jeunehomme ») – laisse présager la série des 18 grands concertos composés à Vienne.

 

Concerto en mi bémol majeur K.271, 1er mouvement Allegro
 

 

 

Je suis l’autre Papa !

Sans son père, mais accompagné de sa mère, le jeune Mozart, âgé de vingt ans, se rend à Paris en passant par Munich. Il se croit capable d’organiser ce voyage aussi bien que son père ; ce sera pourtant un fiasco total. Il reste déjà bloqué à Mannheim. Il est certes bienvenu à la Cour, est enthousiasmé par son orchestre et plaisante avec la famille princière. Mais c’est en vain qu’il pose sa candidature pour le poste de maître de chapelle.

 

 

Frustration perpétuelle

Toutes les tentatives pour obtenir un engagement fixe comme maître de chapelle ou compositeur dans une cour échouent tant à Milan qu’à Munich, Paris ou Mannheim.

 

 

Le premier grand amour : Aloisia Weber

Le voyage à Mannheim le conduit tout d’abord à Augsbourg, ville natale de son père. Chez son oncle Franz, Mozart fait avec sa cousine Maria Anna Thekla Mozart, nommée « Bäsle » – la petite cousine – ses premières expériences érotiques. Il entrediendra avec elle une longue correspondance en termes souvent assez crus et grivois.

À Mannheim, il fait connaissance de la famille de Franz Fridolin Weber, qui a quatre filles. La deuxième, Aloisia, est une remarquable chanteuse qui deviendra le premier grand amour de Wolfgang. Il compose pour elle des pièces de musique merveilleuses et voudrait même l’emmener en Italie, en lui servant d’imprésario. Son père le dissuade de poursuivre ces idées folles et Aloisia le repousse. Ils resteront toutefois unis par une profonde amitié et Aloisia sera l’interprète de rôles très importants dans plusieurs opéras de Mozart.

 

Air de concert pour soprano « Alcandro, lo confesso / Non sò d’onde viene » K. 294
 

 

 

Douloureux séjour à Paris

Mozart et sa mère arrivent enfin à Paris. C’est la troisième fois que Mozart séjourne dans cette ville où on devrait bien le connaître et l’apprécier. Mais le « bonus de l’enfant prodige » ne joue plus, les Parisiens ne lui témoignent plus aucun intérêt. Mozart surprend toutefois son public avec une grande symphonie (la « Symphonie parisienne » K. 297) dont il a composé les premières mesures exactement pour répondre à l’attente du public parisien, mais dont le dernier mouvement offre surprise après surprise.

 

Symphonie parisienne No. 31 en ré majeur K. 297, 1 er mouvement Allegro assai
 

 

La mère de Mozart tombe gravement malade et meurt à Paris le 3 juillet. Mozart compose la grande Sonate pour piano en la mineur (K. 310). On peut supposer que l’aspect assez sombre de cette sonate puisse être mis en relation avec la mort de sa mère, mais les aspects personnels de sa vie ne se reflètent guère dans la musique de Mozart. Il a écrit en tout 18 sonates pour piano, dont deux seulement sont en tonalité mineure.

 

Sonate pour piano No. 8 en la mineur K. 310, 1er mouvement Allegro maestoso
 

 

 

Enfin libre ?!

Il y a de fortes tensions entre le prince archevêque Hieronymus Colloredo et la famille Mozart. W. A. Mozart refuse de se soumettre aux règles strictes imposées par l’archevêque à ses employés. Après diverses altercations, Mozart est mis à la porte en recevant le célèbre coup de pied au derrière que lui donne le grand camérier Comte Arco, le 8 juin 1781. Mozart s’installe à Vienne et devient ainsi l’un des premiers compositeurs indépendants de l’histoire de la musique.

 

 

Les dix années viennoises : des hauts et des bas

Mozart épouse contre le gré de son père Constanze Weber, sœur d’Aloisia, et devient père à son tour. C’est l’époque des grands concerts à succès avec ses symphonies et ses concertos pour piano. Il compose généralement sans commande ces concertos pour piano et les interprète personnellement.

 

Concerto pour piano No. 24 en ut mineur K. 491, 3 ème mouvement Allegretto
 

 

Ces concerts lui rapportent des sommes considérables. Il peut même s’offrir le luxe d’entretenir un cheval et des domestiques.

Il décide finalement d’aller présenter sa femme Constanze à son père et sa sœur à Salzbourg. À Vienne, il commence à composer une messe, semble-t-il une sorte de vœu. Cette messe ne sera jamais terminée mais on pense que certaines séquences ont été interprétées à l’Abbaye St. Pierre de Salzbourg, avec Constance en soliste. Les séquences terminées font partie de ce que Mozart a écrit de plus grandiose dans le domaine de la musique sacrée.

 

Grande Messe en ut mineur K. 427, « Et incarnatus est »
 

 

 

Les Francs-Maçons : Société secrète ou Diners-Club de l’époque mozartienne ?

Mozart, Haydn et le Baron van Swieten, qui joua pour lui un rôle si important, étaient Francs-Maçons. Son père Léopold adhère également à la loge « Zur Wohltätigkeit » (« À la Bienfaisance ») lors de son séjour à Vienne en 1785.

 

Les quatuors grandioses dédiés à son ami Joseph Haydn, nommés « Quatuors pour Haydn », voient le jour. En tout, Mozart a composé 23 quatuors à cordes.

 

Quatuor à cordes en ré mineur K. 421, 4ème mouvement Allegretto ma non troppo
 

 

 

Bach est le père, nous sommes ses fils (Mozart) :

À Vienne, Mozart fait en 1782/83 la connaissance du Baron Gottfried van Swieten. C’est un amateur de musique notoire qui est préfet de la Bibliothèque impériale. Il familiarise Mozart avec les manuscrits de Jean-Sébastien Bach et Georg Friedrich Haendel, qui font grande impression sur lui et exerceront une grande influence sur sa musique.

 

Malgré les circonstances matérielles de plus en plus difficiles, Mozart frappe un grand coup : il compose la trilogie de ses dernières symphonies, dont on ignore si elles ont vraiment été interprétées du vivant du compositeur. Il s’agit des Symphonies en mi bémol majeur, en sol mineur et en ut majeur (« Symphonie Jupiter »).

 

Symphonie No. 40 en sol mineur K. 550, 1 er mouvement
 

 

 

Les moineaux de Prague chantent sur les toits des motifs de « Figaro »

1787 est l’année de Prague : alors qu’à Vienne, l’intérêt que l’on porte à Mozart décline, il est toujours fêté à Prague comme une grande star. Les Pragois sont fous de l’opéra « Les Noces de Figaro ». Tout le monde chante, danse et siffle les airs de Figaro. Il dédie aux Pragois encore deux de ses chefs-d’œuvre : la Symphonie en ré majeur K. 504 et « Don Giovanni » K. 527.

 

Les Noces de Figaro K. 492, II ème acte : Air de Chérubin, « Voi che sapete »
 

 

 

Enfin Compositeur de la Cour ?

La nomination de Mozart au poste de Musicien de la Chambre impériale et royale ne constitue guère plus qu’un titre honorifique et se borne à lui imposer de composer des danses pour les bals de la Cour. Il en est de même pour la nomination sans solde au poste de maître de chapelle adjoint de la Cathédrale St.-Étienne.

 

 

Vite gagné, vite perdu

Mozarts Kapital schmilzt dahin, steigende Spielschulden setzen ihm zu. Zwei Reisen nach Berlin und Frankfurt bringen kaum nennenswerte Einnahmen. Seine geliebte Konstanze kränkelt und braucht teure Therapien. Die Schulden steigen.

 

 

Musique joyeuse malgré les crises pécuniaires

Le poids des dettes, la maladie et l’isolement pèsent sur Mozart au cours des deux dernières années de sa vie. Il réagit par une véritable ivresse créatrice : l’opéra semi-sérieux sur l’inconstance des femmes, « Così fan tutte », et le grand opéra fantastique « La Flûte enchantée » sont créés à Vienne.

 

C’est avant tout « La Flûte enchantée » – donnée dans un théâtre de faubourg – qui marque un nouveau triomphe pour Mozart. Et le merveilleux Concerto pour clarinette et orchestre voit le jour à cette époque.

 

Concerto pour clarinette en la majeur K. 622, 3 ème mouvement Rondo
 

 

 

Dernier recours : Prague, une fois encore

Livré à une grande misère pécuniaire, Mozart accepte avec joie une commance d’opéra que Salieri avait refusée : À l’occasion du couronnement de l’empereur Léopold comme roi de Bohème, Mozart écrit en hâte son dernier opéra, « La Clémence de Titus ». Les Pragois ne comprennent pas cette musique et l’impératrice Maria Luisa, de la branche espagnole des Bourbon, fait la moue devant cette « porcheria tedesca in lingua italiana ».

 

 

Requiem et fin

Mozart tombe malade et sent venir la mort. Le comte Walsegg lui commande, sous couvert d’anonymat, une Messe des Morts qu’il veut faire passer pour sa propre composition.

 

Le 5 décembre 1791, Mozart meurt à l’âge de 35 ans et ne peut terminer le Requiem. Le torso qu’il laisse inachevé, tout comme la Messe en ut mineur, fait partie des compositions sacrées les plus grandioses qui nous soient parvenues.

 

Vous pouvez entendre ici ce qui constitue sans doute la dernière page écrite par Mozart, le « Lacrimosa » du Requiem.

 

Requiem en ré mineur K. 626, « Lacrimosa »
 

 

 

Mystères autour de la mort de Mozart

La mort de Mozart a donné naissance à de nombreuses légendes. A-t-il été empoisonné ? Qui pourrait être l’auteur du crime ? Salieri est-il impliqué dans l’affaire ? Ou encore le juriste de la Cour, Hofdemel ? Quel rôle a été joué par le baron van Swieten ? Que s’est-il vraiment passé le 5 décembre 1791 ? Rumeurs, procès d’intention, fantasmes sans fin – de nos jours encore. Tous les amateurs de criminalité musicale peuvent chercher des traces sur Internet et y trouver leur bonheur.

 

Une chose est certaine : Wolfgang Amadé Mozart est mort le 5 décembre 1791 vers une heure du matin dans son appartement de Vienne, son corps a été exposé chez lui ce même jour et le 6 décembre à la Cathédrale St.-Étienne. Ses parents et amis prennent ici congé de lui, le corps de Mozart est transporté au Cimetière St. Marx au soir du 6 décembre 1791 ou le 7 décembre au matin, et il est enseveli dans une « simple tombe commune ». En vertu des réformes josephistes du mois d’août 1788, il n’était certes pas interdit d’inscrire les noms des défunts sur les tombes, mais cela n’était pas usuel et ne fut pas fait pour Mozart.

 

 

Héritage spirituel de Mozart

 

Le Catalogue Koechel, catalogue chronologique de toutes les œuvres de Mozart, compte 626 compositions.

 

Mozart était un compositeur universel. Il a composé des chefs-d’œuvre dans tous les genres de la musique et en était très fier.

 

 

Joseph Haydn a rendu hommage à la musique de Mozart, et après avoir entendu pour la première fois en 1785 les quatuors à cordes que ce dernier lui avait dédiés, il assura à Léopold Mozart : « Je vous l’affirme devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de réputation ; il a du goût et, en outre, la plus grande science de la composition. »

 

 

Symphonie No. 41 en ut majeur K. 551, « Jupiter », 4 ème mouvement Molto allegro
 

 

 

 

 

Principales caractéristiques des œuvres de Mozart :

(cf. https://de.wikipedia.org/wiki/Wolfgang_Amadeus_Mozart)

 

Mozart a conféré ses qualités symphoniques au genre du concerto pour piano et l’a amené au degré suprême de perfection.

Plus que ses contemporains, Mozart a élaboré un style de composition orchestrale très différencié et exigeant, plus particulièrement en ce qui concerne les instruments à vent qui parviennent chez lui à un degré d’indépendance inconnu auparavant.

Cela va de pair – tout comme chez Joseph Haydn – avec une augmentation de la longueur et de l’envergure des diverses œuvres (en particulier des symphonies).

Dans ses compositions, Mozart a intégré les diverses techniques de contrepoint et amalgamé ainsi le style fugé classique avec celui de la polyphonie baroque (Finale du Quatuor à cordes K. 387, Finale de la « Symphonie Jupiter » K. 551).

Les compositions de Mozart sont empreintes des trois éléments caractéristiques de l’époque classique viennoise mis au point et peaufinés par lui en parallèle avec Joseph Haydn et Beethoven : accompagnement obligé, style transparent et travail thématique des motifs.

Mozart a créé en particulier dans ses opéras de maturité des personnages convainquants sur le plan de la dramaturgie psychologique.

Dans sa musique, Mozart a su réunir une légèreté apparente et accessible avec les exigences et les difficultés de la perfection musicale.

Mozart composait « de la musique pour toutes les sortes de gens – sauf pour les longues oreilles ». (Lettre de Mozart datée 16 décembre 1780)

Vous voulez découvrir encore plus de « Mozart » ? La Fondation Internationale Mozarteum de Salzbourg a aimablement mis à notre disposition une remarquable documentation en sons et en images sous le titre « Wolfgang Amadé Mozart, un enfant prodige à Salzbourg ».

 

 

Vous pouvez la regarder ici  dans une version allemande ou bien dans une version anglaise !

 

Allemand:

 

Anglais:

 

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